Mac vs PC deux stratégies de conquête du marché
Au delà des défis techniques sur les composants, les enjeux se sont trouvés dans la simplification des interfaces homme-machine. Comment faire en sorte qu’un utilisateur puisse facilement manipuler ces nouveaux appareils, leur puissance de calcul et leur puissance de stockage ? Avec quels outils allaient-ils pouvoir le faire ? Au delà de la puissance de calcul, de stockage et d’affichage, il y avait, bien sûr, la couche application : les programmes bureautiques, les logiciels de dessins, les traitements de textes, les agendas, les calculatrices et même les gadgets qu’on allait mettre à leur disposition au lancement de l’ordinateur. Il y avait aussi les interfaces “système” ou les systèmes d’exploitation, autrement dit l’organisation des échanges de base ou la facilitation du dialogue entre l’homme, sa machine et les applications. Du point de vue marketing et tarif, une bataille devait aussi s’engager sur le terrain de la distribution : quelles cibles et à quel prix ? Enfin, et c’est peut-être une des choses que Steve Job a le plus rapidement compris, il y avait, l’intégration de l’objet dans l’espace professionnel ou domestique : son design.
Les grands atouts des Macintosh
Puissance de traitement
Au départ de cette course, Macintosh s’est distingué sur trois grands points : la puissance de calcul et de traitement, l’ergonomie et le design.
De fait, grâce à la puissance, Apple est entré assez vite dans le monde professionnel des applications qui nécessitaient le plus de mémoire et de vitesse de traitement. Rapidement, les mac ont été les chouchous des agences de communication et des imprimeurs. On y traitait des images de grandes tailles, pour des affiches, des catalogues en haute résolution, etc… Les ordinateurs d’Apple se sont aussi imposés dans le monde de la post production vidéo. L’ère du numérique ouvrait sur de nouveaux logiciels et les Mac étaient particulièrement adaptés à ces nouveaux outils de montage numérique. De nombreuses sociétés de production vidéo se sont ainsi laissées séduire sans se faire prier.
Mac : une Interface “users’ friendly”
L’interface mac plaisait aussi par son côté “user friendly” et sa facilité d’utilisation. On se souvient encore des sympathiques “Hello” sur les écrans d’accueil au lancement des premiers mac. De leur côté, les premiers PC et les premiers OS avaient un peu de quoi faire peur. Il fallait déjà être un peu geek pour les optimiser et si l’on parlait DOS, on avait une longueur d’avance pour adapter la machine à ses besoins. Sur ce point là, mac gagnait largement du terrain. Windows réussit à s’imposer comme le système d’exploitation avec lequel il fallait compter sur PC mais il lui faudrait des années pour rattraper son concurrent du point de vue de l’ergonomie et de la facilité d’utilisation. La philosophie à la base des deux développements était aussi totalement différente, en terme de noyau comme en terme de sécurité. Tout ceci a conduit Microsoft a réécrire sa copie de nombreuses fois, avec, souvent, des ratages au lancement avec tout ce que cela implique : révolution constantes des interfaces avec grogne des utilisateurs acquis aux versions précédentes, simplification des outils qui finissaient pas fermer l’OS à des utilisateurs plus avancés, problèmes de sécurité, utilisateurs néophytes pas encore satisfaits et demandeurs de toujours plus de simplification, etc… Pendant que Mac OS faisait les éloges de ses utilisateurs et de la presse spécialisée, Microsoft recevait son comptant de colibets.
Un certain élitisme
Pourtant, malgré cet avantage indéniable de Mac et d’Apple, les prix de ces ordinateurs allaient les mettre hors de portée de toutes les bourses. A l’époque, acheter un ordinateur était encore une décision qu’on pesait. S’il s’agissait seulement de jouer, une console pouvait suffire. Avec des prix compétitifs, un système d’assemblage ouvert et adaptable, les PC allaient pouvoir faire flancher les utilisateurs du côté de l’achat. Avec eux, un grand nombre d’éditeurs d’applications, jeux, utilitaires, …, allait suivre. Le marché s’ouvrait et Windows et les PC allaient le pénétrer. Les petites compagnies dotaient leurs secrétaires de traitement de textes. L’ordinateur familial commençait à trouver sa place dans les salons avec des machines de plus en plus aptes à faire du multitâche (gestion, bureautique, ludique, traitement d’images, de photos, …). Bien sûr, les deux compagnies allaient, chacune avec leurs avantages stratégiques bénéficier de cette démocratisation de l’outil informatique. Avec l’arrivée d’internet aussi, à la fin des années 90, les taux d’équipements allaient bientôt exploser. Et avec eux la fortune de deux multimillionnaires qui allaient faire longtemps parler d’eux.
De l’ergonomie au design : Apple vers une révolution de l’esthétique
Avant le début des années 2000, Apple confirma encore un choix qu’elle avait esquissé, dès le lancement de ses premiers Mac et qui renforça encore sa position du côté des professionnels des domaines de la communication et auprès des esthètes. Pour les cadres souvent plus confortables du point de vue de leur budget, et pour ceux déjà acquis à la cause Mac par la puissance et l’ergonomie, voilà qu’on proposait de poser sur leur bureau des machines aux lignes épurées et gracieuses : l’imac. Avec ce superbe ordinateur, sorti dans le courant de l’année 1998, on aurait même des gammes de couleurs (voir photo plus haut dans l’article). Dans ses lignes et sa conception, l’imac dédramatisait aussi totalement le côté technique qui pouvait encore rebuter certains à se mettre à l’informatique. En plus des purs esthètes, une partie du public féminin allait également être conquis.
Cette révolution des tendances dans le design qui fut le reflet d’une des passions et préoccupations de Steve Job fut décisive pour la marque. Elle n’aurait cependant pas été suffisante si Mac et Apple n’avaient pas disposé d’un vrai parti pris d’ergonomie mais aussi d’atouts techniques de premier plan pour imposer ses machines. La compagnie allait bientôt mettre les ingrédients de son succès dans les nouveaux périphériques en vogue.
Lire la suite : Apple a l’ère du téléphone portable.